J'ai vraiment trouvé un bon job cet été... pas grassement rémunéré certes (même plutôt assez coûteux aux vues des circonstances) mais réussir à cumuler un job chez les routards froussards en tant que critique et actualisatrice du guide un peu dépassé parfois ET la réalistation de reportages pour "j'irai dormir chez vous", enfin la rédaction d'articles pour "j'irai dormir entre mantonio et dou", c'est pas donné à tout le monde. Vous m'aurez reconnue...(c'est là qu'on voit ceux qui suivent- ou pas)
Nous arrivons donc de Banos pour enfin découvrir ce que j'aurais à première vue évincée du voyage si j'avais pu... : l'Amazonie. C'est à dire qu'on m'avait prévenue: entre les moustiques qui te harcèlent pour te refiler le palu, les serpents qui rentrent dans tes bottes, et les araignées version tarentules, j'avoue que ça ne me tentait qu'à moitié... même moins. Mais bon les p'tits étaient chauds et Mandou complètement traumatisée de l'araignée avait passé 10 jours chez les mystiques beatniks... alors bon, j'allais pas commencer à faire la chochotte. D'ailleurs quand on a un job pareil on se la ferme et on taf.
Résultat, nous arrivons à Misahuali après avoir évité de peu une bonne averse tropicale (et là même les ch'ti peuvent s'accrocher), sauf Antoine, en quête de liquidité, trempé jusqu'au slip. Faut savoir se mouiller n'est ce pas?
Dans ce petit village, les singes jouent avec les enfants... on en verra même voler un briquet et faire du feu avec! Terrifiant. Principe de base, garde ton appareil photo bien rangé si tu veux pas te le faire piquer, les singes ici sont pires que certains hommes...
On finit par trouver un petit bureau dans lequel travaille une française échouée là depuis 5 ans. Mariée et ayant des enfants avec le grand chef d'une communauté voisine, elle organise des séjours plus ou moins long dans la selva (la jungle) pour permettre à leur communauté de vivre. En effet, à Shiripuno, toute forme de subvention est refusée par principe, alors il reste l'artisanat et le tourisme. Mais encore une fois, pas n'importe quel type de tourisme. Celui qui éduque le voyageur seulement, en lui faisant découvrir un autre monde. En tout cas c'est vraiment l'impression que ça m'a laissé.
On arrive à la nuit tombante, en canoa (une espèce de pirogue), dans ce lieu sans électricité et vraiment 100 pourcent nature. Nous faisons la connaissance de deux vieux roots treckers français qui nous ferons bien rire par la suite. Et sachant que le séjour sera très court, nous nous décidons pour une sortie nocturne dans la selva qui me glacera le sang. Fourmis géantes dont la piqure est douloureuse pendant plus de 3h, sauterelles de la taille de menthes religieuses, plantes aux diverses vertus curatives, on verra même un bébé caiman... mais je sais que boas et anacondas rodent, je n'arrive pas à apprécier. Une 2ème averse, voir carrément un orage me sauvera de là. On rentre trempés mais bien contents de trouver une moustiquaire où nous mettre à l'abri de cet environnement hostile.
Taille réelle. On se rend pas bien compte parfois.
ok y fait pitié ch'ti là...
Antoine est sur le pont au petit matin, il a tellement hâte de visiter l'endroit... quand à moi j'ai légerement du mal à sortir du lit après l'aperçu de la veille. Cela dit, le soleil est là et le petit déjeuner au Kimbolito (gateau de blé cuit dans une feuille especial), oeufs et tout le tralala me mettent un peu plus à l'aise. Le temps de déjeuner et voilà, à nouveau des trombes d'eau et ce pour le restant de la matinée.
On nous propose alors une initiation à l'artisanat local: fabrication de bijou avec fil en fibre naturelle et perles en graines amazoniennes. Le plus drôle c'était quand même Daniel et Gilles, nos 2 roots finalement pas si roots que ça, à la "couture" comme ils disaient. Une façon de tester notre patience peut être...
Après la pluie, virée avec bottes obligatoires dans 20cm d'eau. Apprentissage des techniques d'agricultures dans la selva: ramassage de "yucca" (manioc) qui servira à préparer le repas, plantation de bananiers à l'aide des repousses... Nous sommes dans une plantation et pourtant tout à l'air tellement anarchique... Il suffit de poser quelques feuilles par terre pour en faire du compost tellement l'humidité et la chaleur sont importantes.
J'en prend tellement plein les yeux de cette nature gigantesque et fertile et nourricière que j'en oublie les vilaines bébêtes et prend enfin conscience qu'elles se tirent avant que tu n'arrives parce qu'elles flippent encore plus que toi.
Arbre à calebasse lianes sisisi
Explications de notre guide cacaotier
Quand nous rentrons au village, nous faisons la connaissance de Jeannette, la petite soeur du chef. Elle a l'air d'avoir un sacré caractère et une trempe à toute épreuve. Elle nous explique plus clairement comment et pourquoi ce village est né il y a 5 ans. Pourquoi ils refusent tout aide de l'état (l'équateur étant le pays le plus corrompu de l'Amérique latine, la partie leur revenant était infime après que tous les bureaucrates se soient sucrés...), comment étaient traitées les femmens indigènes présentes dans ce village par leur maris: interdiction de parler à quiconque en dehors de la famille rapprochée, seules à travailler pendant que le mari s'en mettait plein la tronche à la chicha, boisson locale alcoolisée à plus de 50°... Elles se faisaient battre à tour de bras pour un oui ou pour un non... Bref cette communuté dans laquelle il y a très peu d'hommes leur permet de vivre vraiment autre chose et de subvenir seules à leurs besoins. Elles sont environ 20 femmes à se réunir tous les mois pour s'assurer que toutes les règles établies conviennent toujours à tout le monde, et pour en changer au cas où...
Notre guide venait de plus profond dans la forêt, à 5h de marche à pied. Autant dire que ça a eu un retentissement important dans la forêt.
Après avoir mangé un poisson délicieux, nous rejoignons avec Jeannette, la propriétaire des lieux: la grand mère Maria, pour ramasser des coques de cacao. Whaouh la grand mère. Elle court de partout avec sa machette et son grand panier accroché sur le front. Initiation à la technique. Antoine se régale avec sa machette. On se gave de la chair blanche enrobant les fèves. Aussi bon que des bonbons. Dégustation de papaye tout juste cueillie. La régalade.
C'est vraiment un univers différent de ce que j'imaginais. On ne verra pas un seul serpent (ouf), sauf celui que les gamins ont ramassés et qu'Antoine ne pourra s'empêcher de câliner.
A notre retour, on nous montre comment fabriquer du chocolat à partir de fèves... Bananes au chocolat pour le goûter, avec des vraies petites bananes délicieuses et du vrai chocolat tout frais (allez vous pouvez avaler votre salive)... MIAM. Je suis séduite. Je reviendrai... quand j'aurais fait disparaître les milliards de piqures qui me rappelleront cet endroit pendant encore quelques semaines...